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II

Deux amies de pension.


— Rosette !

— Nita !

Ce furent deux jolis petits cris de joie qui se croisèrent à l’angle des rues Cassette et du Vieux-Colombier. La voiture de la jeune princesse d’Eppstein s’arrêta court, sur un ordre donné avec pétulance, et Nita, rouge de plaisir, se pencha à la portière, disant :

— Monte vite, ou je vais descendre !

Mlle Rose de Malevoy était à pied, conduite par une femme de chambre qui portait un livre de prières. Nita ouvrit elle-même la portière, avant que le valet de pied eût quitté son siège. La dame de compagnie qui l’escortait s’écria scandalisée :

— Princesse ! oh ! princesse !…

Mais comme Rose hésitait à monter, la princesse Nita ne fit ni une, ni deux ; elle sauta sur le pavé et se jeta dans les bras de son amie.

— Méchante ! dit-elle, les larmes aux yeux, oh ! méchante ! y a-t-il longtemps qu’on ne t’a vue !

Rose de Malevoy, émue aussi, lui rendit son baiser et glissa un rapide regard à l’intérieur de la calèche.