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cupent de pareilles fadaises ; cela était égal à M. Gondrequin, et M. Baruque s’en battait l’œil avec franchise.

En l’année 1842 où nous sommes, le Cœur-d’Acier régnant, autrement dit « M. Cœur » faisait sa demeure dans ce pavillon.

Car tout ici appartenait à Cœur-d’Acier, la maison, le hangar, les jardins, les dépendances. Il payait ce domaine douze cents francs, en quatre termes de trois cents francs l’an. Le présent siècle prend des allures qui ne plaisent ni à M. Baruque, ni à Gondrequin-Militaire.

C’était là le bon temps, le temps de cocagne. Rien ne manquait dans l’atelier, où le nécessaire abondant admettait même un luxueux superflu. Outre la guirlande de rats empaillés déjà mentionnée, et qui festonnait orgueilleusement les murailles, une quantité d’objets curieux, donnés en paiement ou offerts par l’amitié, meublaient le temple. On ne songeait pas à les vendre, quoiqu’il y eût là pour plus de cinquante écus de bragas qui eussent encombré dix grandes voitures de déménagement. Des guenilles pailletées, des squelettes d’animaux, des appareils fantasmagoriques hors d’usage, des volailles rôties en carton et plusieurs automates admis à la retraite.

Le tout, couvert d’une respectable poussière, s’amalgamait avec un mobilier industriel dont nulle habileté de plume ne saurait dire le prodigieux désordre.

L’usine, cependant, marchait en pleine activité. Une armée de rapins jeunes et vieux, vêtus d’impossibilités, coiffés chimériquement et fiers au plus haut point de leur absurde apparence, brossaient à la vapeur des toiles mal assujetties ou balayaient des châssis simplement étendus