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bêtes apocalyptiques. Et comme autrefois la légende de ce tableau criait :

CŒUR D’ACIER,
PEINTRE D’ENSEIGNES,
fait les grands tableaux pour MM. les saltimbanques
et ARTISTES EN FOIRE

Avant de franchir la porte basse et surmontée d’une niche ogivale, qui doit nous ramener à notre drame, jetons un regard de l’autre côté de la rue. Là, s’élève une maison moderne, largement reculée et marquant l’espoir d’un alignement ultérieur. Cette maison est proprette, bourgeoise et percée de petites fenêtres bien carrées. Quatre des cinq croisées du premier étage sont grillées du haut en bas et laissent voir une population d’oiseaux, comme si l’appartement tout entier, déserté par l’homme, formait une immense volière.

Pour le moment, nous n’avons rien autre chose à dire de la maison d’en face, récemment bâtie par un rentier modeste et rangé, nommé M. Jaffret, et connu dans le quartier sous le nom du « bon Jaffret ». Il occupe le premier étage ; les oiseaux sont à lui et il est aux oiseaux : trois fois par jour, il paraît à la cinquième croisée et tous les moineaux de la rive gauche, partageant énergiquement l’opinion du voisinage, viennent lui manger dans la main. Excellent cœur !

Il était neuf heures du matin. Un rayon de soleil d’hiver faisait sourire au bout de la rue les charmantes toitures de l’hôtel de Cluny, laissant dans l’ombre la façade de la maison Cœur-d’Acier. Les oiseaux du bon Jaffret chantaient et les moineaux libres voltigeaient impatients, attendant l’ouverture de la cinquième fenêtre.

L’escalier qui menait chez Cœur-d’Acier, peintre d’enseignes, était de pierre et tom-