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inonda le cœur. Son bras, appuyé sur le matelas, fit levier. Il sentit ses muscles se roidir. Le drap remua. Il crut à un miracle.

Le miracle fut suivi d’une syncope et la Davot monta chez la mère Françoise d’Assise, pour lui dire que le blessé était au plus bas. Ceci ce passait le mercredi, quinzième jour.

Personne n’en est plus à renier cet auxiliaire tout puissant de la médecine qui a nom la gymnastique. La gymnastique n’est pas par elle-même un moyen curatif, mais elle aide à la cure d’une façon si triomphante que son modeste rôle d’accessoire met souvent dans l’ombre l’agent principal. Si les gymnastes, charlatans ou ignorants, ne déconsidéraient pas leur art en promettant sans cesse plus que leur art ne peut tenir, la gymnastique aurait bien vite droit d’entrée dans nos familles comme la médecine elle-même, et ce serait un grand bienfait pour la santé publique.

On ne fait jamais de meilleure gymnastique qu’au gymnase, et, certes, ce n’est pas en vain que Triat, le maître, a inventé les mille et un détails de ses ingénieuses machines, chargées d’exercer utilement tour à tour les divers muscles qui composent le mécanisme humain ; mais, à la rigueur, on peut faire de la gymnastique hors du gymnase et sans instrument.

Si Roland avait eu Triat et des outils, les choses auraient peut-être marché plus vite. Il n’avait rien, il fit comme il put.

Il faut bien convenir que tout est gymnastique en ce monde et que chacun de nous fait de la gymnastique sans s’en apercevoir : gymnastique du corps et gymnastique de l’esprit.

Pour donner une définition qui n’ait aucunement couleur de science médicale et qui tourne légèrement au contraire du côté de la philosophie pittoresque, nous dirons que la gymnastique est la plus-value que l’usage obtient de toute chose : la bêche qui a bêché vaut mieux que la bêche