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XII

Le parloir.


Le lendemain, la mère Françoise d’Assise attendit vainement. M. le duc de Clare, son neveu, ne vint point. Elle passa la journée entière dans une agitation inquiète ; le long et morne sommeil de cette existence claustrale s’éveillait. C’était comme une résurrection troublée et fiévreuse ; elle avait, la femme morte au monde depuis tant d’années, et séparée de la vie par un mur si épais de renoncement, elle avait des impatiences d’enfant, des désirs soudains, des colères, des caprices.

Elle descendit à la chapelle, deux fois ; elle conféra avec son directeur qui la quitta pour se rendre à l’hôtel de Clare. Elle manda près d’elle le chirurgien qui soignait le jeune blessé et voulut entretenir la garde-malade.

Le chirurgien fut interrogé par elle sur la question de savoir s’il était possible que le blessé mourût sans recouvrer la parole. À de semblables demandes si ces messieurs prenaient seulement la peine de répondre : « Nous n’en savons rien », que de temps épargné ! Le chirurgien parla beaucoup et dit en somme que, si les muscles