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RÉSUMÉ PHILOSOPHIQUE

Dans les douze premières gammes du mode o’chaq, la, si, ré et la (octave supérieure) sont justes comme dans la gamme de la de la musique européenne ; ut est élevé de deux tiers de ton, et mi, fa, sol sont tantôt justes et tantôt baissés de deux tiers ou d’un tiers de ton, ou haussés des mêmes quantités ; en sorte qu’on trouve quelquefois dans la même gamme une note plus basse que si elle était bémolisée, à côté d’une autre qui est plus haute que si elle était diésée. La treizième gamme a les cinq premières notes semblables à une gamme de la mineur, le fa est élevé de deux tiers de ton, et les deux dernières notes (sol, la) sont justes comme celles d’une gamme de la qui n’aurait pas de note sensible.

Dans les onze premières gammes du mode nâoua, les quatre premières notes sont semblables à celles de notre gamme de la mineur, et les trois notes suivantes sont alternativement élevées ou baissées d’un ou de deux tiers de ton. Les deux dernières gammes de ce mode et les dix premières du mode abouseylyk diffèrent de celles-là en ce que le si est baissé d’un tiers de ton.

Il y a de ces gammes où si est baissé d’un tiers de ton pendant que ut est élevé de la même quantité ; d’autres, où mi est baissé d’un tiers de ton tandis que fa est élevé de deux tiers ; d’autres, enfin, où l’on trouve à la fois sol bécarre, et sol élevé d’un tiers ou de deux tiers de ton.

Il était absolument impossible qu’une musique basée sur de telles gammes ne fût pas inharmonique : aussi l’harmonie est-elle inconnue aux Arabes. Leurs concerts sont souvent formés de plusieurs instrumens ; mais ceux-ci jouent l’air à l’unisson ou à l’octave, à l’exception d’une sorte de basse qui n’est montée que d’une seule corde, et sur laquelle le musicien frotte l’archet à vide pendant que les autres instrumens jouent l’air, de manière à produire à peu près l’effet du bourdon d’une vielle. Dans la musique militaire, des hautbois criards sont réunies à des trompettes et à des multitudes de tambours, de timbales et de timbales ; mais on n’entend, dans cette musique, que l’air, joué par les hautbois, quelques sons éclatans poussés par les trompettes au hasard et qui s’accordent comme ils peuvent avec le reste, et par-dessus tout domine le bruit des tambours, des timbales et des cimbales qui frappent tous dans des rythmes différens. En parlant de l’effet de cette musique, M. Villoteau s’exprime ainsi : « Le nombre des timbales et des tambours de diverses proportions est si considérable, produit un si grand tintamare, l’éclat des timbales est si étourdissant, le son aigre et perçant des hautbois appelés zamir vibre si vivement en l’air, celui des trompettes est si déchi-