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DE L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE

de notes proprement dites, c’est-à-dire de signes destinés à représenter tel ou tel son d’une gamme ; car les Grecs ne connaissent pas de diapason fixe, ou de son modèle auquel se rapportent les autres. Il est vrai qu’il y a un point de départ pour tous les chants qui peut être considéré comme la note principale de toute espèce de chant, et d’après lequel tous les mouvemens de la voix se règlent ; mais le chanteur prend ce son où bon lui semble, en raison de la gravité ou de l’élévation de sa voix.

Le sont qui sert de point de départ dans une mélodie ; celui qui, comme le disent tous les écrivains grecs, est le commencement, le milieu et la fin de toute musique, se représente par un signe qu’on nomme ison. Or, le signe de ce son est d’une ressemblance exacte avec celui de l’ancienne écriture démotique de l’Égypte qui répond au delta des Grecs. Le signe oligon, qui exprime une ascension de la voix de l’intervalle d’un ton, en commençant par l’ison, est l’un des caractères de la lettre N, en écriture démotique. L’oxeia, signe de l’ascension d’un son supérieur à l’ison, n’est autre que l’un des caractères de la lettre R dans la même écriture. Le kouphisma, signe du mouvement du troisième son au quatrième, est l’un des caractères de la lettre B. Le petasthe, ascension du quatrième au cinquième sont, se retrouve dans plusieurs caractères de la lettre T de l’alphabet démotique. Le pelasthon, exprimant le mouvement ascendant du cinquième au sixième son, est exactement l’un des nombreux caractères qui, dans les papyrus, répondent au sigma des Grecs ; le double kentama, ou double esprit, qui se combine avec beaucoup de signes de l’écriture démotique, exprime l’ascension du sixième au septième. Le signe du mouvement ascendant de tierce est le kentama simple, qui est un fragment des caractères correspondans dans l’écriture démotique à l’éta, à l’iota et au sigma grec. Le mouvement de la voix descendant de l’ison ou tonique à la tierce inférieure s’exprime par l’aporrhoë qui, dans cette écriture répond à E ; le signe du mouvement descendant du même son à la quinte inférieure était l’un des caractères de B.

Ces divers signes se combinent de plusieurs manières, ou, comme il est dit dans les papadike (Traités du chant de l’église grecque), se composent pour exprimer d’autres mouvemens de la voix. La multiplicité des signes composés pour exprimer le même mouvement ou intervalle n’est qu’apparente : chacune de ces compositions indique un genre d’ornement différent ajouté à l’intervalle radical des sons principaux. Tantôt c’est un fragment de trille, tantôt un groupe, tantôt enfin un traînement de la voix avec un certain trem-