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RÉSUMÉ PHILOSOPHIQUE

conséquence nécessaire d’un système de musique tout différent de celui des Égyptiens et des autres peuples orientaux.

les Égyptiens avaient aussi diverses sortes de flûtes, parmi lesquelles on en remarquait une semblable à notre flûte traversière, ainsi que des sistres, instrument de percussion qui différait des crotales des autres peuples en ce qu’il était composé de plusieurs tiges métalliques, de diverses longueurs, qui rendaient des sons différens lorsqu’on les frappait en agitant tout l’instrument. Je ne crois pas devoir entrer dans plus de détails sur ces flûtes ni sur ces sistres, parce qu’ils sont de peu d’importance à l’égard du système de musique des Égyptiens.

Nous savons par Athénée que l’hydraule ou orgue hydraulique fut inventé sous le règne de Ptolémée Évergètes par Ctésibius d’Alexandrie. Les renseignemens donnés par le mathématicien Héron ne sont pas assez clairs pour nous faire comprendre ce que pouvait être cet instrument, ni de quelle manière l’eau servait à l’émission du son. Au reste cela est de peu d’importance à l’égard des connaissances musicales des Égyptiens ; car, après la conquête de leur pays par Alexandre et sous la domination de ses successeurs, les habitans de l’Égypte perdirent une partie de leurs arts originaux : les Grecs commencèrent alors l’œuvre de leur dégénération.

J’ai dit qu’avant les récentes découvertes faites en Égypte dans les derniers temps, il était à peu près impossible de se former une idée juste de la musique des Égyptiens, et conséquemment de celle des Hébreux : aujourd’hui, cela est devenu beaucoup plus facile. Je ne consulterai donc ni les traducteurs ni les commentateurs de la Bible pour savoir ce qu’étaient les instrumens désignés dans la langue des Juifs par les noms de kinnor, nebel, minnim, michol et schelasim ; je ne croirai pas plus ceux qui me diront que le premier appartenait à une harpe, que ceux qui m’assureront que son nom indiquait une cythare, un luth, un violon, et ainsi des autres ; car, à défaut de renseignemens exacts et de monumens, la fantaisie seule pouvait faire adopter l’un de ces instrumens plutôt que l’autre. Tout ce que nous savons, c’est que kinnor était chez les Juifs un nom générique comme teouôini ou tebouni chez les Égyptiens ; il désignait en général un instrument de l’espèce des harpes. Quant au Nobel, on ne peut douter que ce nom a désigné le trigone à cordes obliques, et qu’il a été l’équivalent du nablum des Syriens et des Phéniciens[1].

  1. On peut voir sur ce sujet un article que j’ai donné dans le deuxième volume de la Revue musicale (t. ii, p. 337).