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PRÉFACE.

Il me reste à dire un mot aux érudits qui, peut-être, chercheront dans mon livre ce qu’ils n’y trouveront pas : je m’explique. Tant d’erreurs se glissent dans les ouvrages relatifs à l’histoire des arts et de la littérature, que les hommes du métier n’accordent guère leur confiance qu’aux écrivains dont les indications scrupuleuses font connaître leurs autorités. En vain montrerez-vous par cent endroits que vous avez toujours eu recours aux meilleures sources et que votre exactitude est à l’abri de tout reproche : si les livres qui vous ont guidé dans vos recherches ne sont donnés en garantie des soins que vous avez pris ; si le peritus citandi ne perce de toutes parts dans votre ouvrage, ce n’est qu’à grande peine que vos assertions se mettront en crédit. Je sais cela ; mais quoi ? À mon livre déjà si volumineux, s’il eût fallu que j’ajoutasse partout les titres de l’immense quantité de livres dont j’ai remué la poudre, et que chaque article eût été accompagné de son cortége d’érudition, j’aurais ajouté un nombre de volumes presque aussi considérable que celui dont il est composé. D’ailleurs, je n’aurais satisfait quelques biographes qu’en prodiguant l’ennui au plus grand nombre de mes lecteurs, et j’ai voulu éviter ce défaut dans un ouvrage qui vraisemblablement en a beaucoup d’autres. Il faudra donc que mes savans confrères en biographie et en bibliographie se contentent de quelques bribes de citations que j’ai mises çà et là, quand j’ai cru qu’elles étaient indispensables. Pour le reste, je les renvoie par avance à tout ce que j’ai consulté d’auteurs respectables, et je leur souhaite à les lire le courage dont j’ai fait preuve pendant bien des années.

Tant de soins donnés à un livre qui n’est qu’une faible partie de mes ouvrages sur la musique, et qui cependant n’aurait pu être achevé si depuis long-temps je n’avais pris l’habitude de consacrer au travail seize ou dix-huit heures chaque jour ; tant de soin, dis-je, pourraient me faire croire que j’ai atteint mon but, qui était d’abord celui de la plus grande exactitude possible ; mais je suis si persuadé de l’impossibilité d’arriver à cette exactitude absolue, objet de tous mes vœux, que je ne crois à la bonté de mon ouvrage que relativement et par comparaison. Tel qu’il est, je pense qu’il est le plus complet et le moins fautif de tous ceux qu’on a faits sur le même sujet, ce qui n’empêche pas qu’il ne soit fort imparfait et que la critique ne puisse y relever sans doute bien des erreurs et des omissions. Cette