Page:Fétis - Biographie universelle des musiciens, t1.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxvii
PRÉFACE.

absolument de renseignemens sur leurs auteurs, et ces renseignemens, on ne peut les trouver que dans les comptes, les registres et les pièces originales qui sont déposées aux archives du pays. Trop long-temps on s’est borné, dans les livres de l’espèce de ce dictionnaire, à copier d’autres livres sans discuter la valeur de ce qu’on y prenait : de là ces erreurs qui se perpétuent et qui finissent par s’établir si bien qu’il devient fort difficile de les corriger et de leur substituer la vérité. Il est temps de puiser à des sources plus pures et de s’entourer, autant qu’il est possible, de témoignages contemporains ; ce besoin, si vivement senti de nos jours pour la réforme de l’histoire politique, n’est pas moins impérieux pour l’histoire littéraire.

Si je m’étais borné à consulter les auteurs qui ont écrit d’une manière spéciale sur l’histoire générale et particulière de la musique, pour la composition de mon dictionnaire biographique, je n’aurais atteint qu’imparfaitement le but. Dans une multitude de livres qui n’ont qu’un rapport fort indirect avec cet art, ou qui même semblent y être absolument étrangers, on rencontre quelquefois des faits ou des renseignemens qu’on ne trouverait pas dans les ouvrages où ils sembleraient devoir être. Convaincu de cette vérité par l’expérience, il n’est pas de bibliographes généraux, nationaux ou professionnaux, d’historiens de la littérature ancienne et moderne, d’historiographes de pays et de villes, de catalogues de bibliothèques, que je n’aie consultés, quand j’ai pu me les procurer. J’ai fait plus ; car c’est dans la lecture même des traités de musique, dans les préfaces, les épîtres dédicatoires ou dans l’examen des compositions, que j’ai cherché des lumières que je ne trouvais point ailleurs. Les bibliothèques de Paris, si riches en ouvrages relatifs à la musique, m’offraient d’immenses ressources pour ces recherches : je ne crois pas exagérer si je dis que près de quarante mille volumes de tout genre ont été mis à contribution par moi pour éviter l’imperfection dans mon travail, autant que cela était en mon pouvoir. Possédant moi-même une bibliothèque musicale de plus de trois mille volumes, je n’ai jamais pu me décider à parler d’un traité de musique ou d’une composition de quelque importance sans l’avoir lu, et sans m’être formé une opinion raisonnée de son mérite. Le nombre d’anciens morceaux de musique que j’ai mis en partition pour arriver au même but est très considérable.