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RÉSUMÉ PHILOSOPHIQUE

sur ses contemporains et sur ses successeurs, qu’il finit par amener la complète transformation de la musique italienne, par l’influence que ses ouvrages exercèrent sur le génie de Rossini. Guidé par son instinct, il découvrit la puissance d’expression et d’effet inattendu qui réside dans la réunion des altérations ascendantes et descendantes des intervalles des accords, et par l’heureux emploi qu’il en fit, il créa le principe de la modulation illimitée, dans le genre omnitonique, porté depuis lors à un haut degré de développement par Beethoven, Weber et Rossini.

Mozart a donc été le restaurateur de l’opéra allemand, et c’est à lui seul que le style de cet opéra est redevable de son existence actuelle ; d’habiles compositeurs tels que Chrétien Bach, Gasman, Graun, Misliwecek, Ditters, n’avaient pu réussir à lui donner un caractère propre. Depuis l’apparition du Mariage de Figaro et de Don Juan, Naumann, Reichardt, Winter et Weigl, ont plus ou moins imité la manière du grand maître, mais le sort de leurs ouvrages est aujourd’hui celui des produits de l’imitation. Le dix-neuvième siècle a vu naître une modification très remarquable du style de l’opéra allemand dans Fidelio, de Beethoven, et plus encore dans Freyschütz et dans Oberon de Weber.

Le style de la musique instrumentale fut celui dont les formes et le génie firent les progrès les plus remarquables en Allemagne, vers le milieu du dix-huitième siècle. Ce fut alors que le trio, le quatuor, le quintetto prirent à peu près le caractère qu’on remarque dans les premières productions de Haydn. Kobrich, Agrel, Janitsch, Radecker, Camerloher et Abel commencèrent à donner de l’intérêt à ce genre de pièces. Krafft, Kurtzinger, Telemann, Schwindel, Misliwecek, Toesky, Wagenseil, Wanhal et Stamitz développèrent les proportions de la symphonie, qui d’abord bornée à quatre parties de violon, de viole et de basse, s’enrichit ensuite d’effets nouveaux par l’adjonction des instrumens à vent. Jean-Baptiste Sammartini, de Milan, n’avait pas peu contribué aux progrès du style de la symphonie avant que Haydn y eût imprimé le sceau de son génie ; mais c’est à ce grand artiste qu’appartient la gloire d’avoir fait de ce genre de musique une des plus vastes conceptions de l’art. Mozart, venu plus tard, marcha d’abord sur les traces du maître dans le quatuor et dans la symphonie ; mais son imagination passionnée, mélancolique, en modifia le caractère par des inspirations dramatiques. Beethoven, d’abord inspiré par la pensée de Mozart, perfectionna ensuite toutes les formes, et trouva des effets dont la grandeur et la puis-