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PRÉFACE.

avait établi une correspondance avec les artistes de son pays, et cette correspondance lui avait procuré beaucoup de notices intéressantes sur ses contemporains, avantage considérable qui lui a fourni les moyens de donner de l’intérêt à cette partie de son travail.

Une patience à toute épreuve, beaucoup de bonne foi, et l’amour pur de son art rachetaient en Gerber le défaut de savoir, et, si on ose le dire, d’intelligence et de sagacité, si nécessaires dans les travaux semblables à ceux auxquels il se livrait. À peine son Dictionnaire des Musiciens eut-il paru que, se soumettant aux critiques qu’on en avait faites et aux conseils qui lui avaient été donnés, il se remit au travail avec une louable persévérance pour faire, non comme on l’a dit, une deuxième édition de son livre, mais un volumineux supplément à la première. Celle-ci n’était composée que de deux volumes in-8o  ; le supplément en eut quatre. Ce supplément parut en 1812[1], c’est-à-dire vingt-deux ans après la première publication. Dans cet intervalle, Gerber s’était entouré de documens, de livres indispensables pour des travaux tels que les siens, et Forkel, avec son immense savoir, était venu lui offrir un puissant secours dans sa Littérature générale de la Musique[2]. Il est juste de dire qu’il mit à profit toutes ses ressources et que son nouveau livre corrigea une multitude d’erreurs et suppléa à de nombreuses omissions de son premier essai. Ces deux ouvrages sont inséparables et n’en forment qu’un. Toutefois, bien des erreurs gâtent encore cette seconde partie d’un livre qui semble avoir été destiné à rester toujours défectueux, et ce n’est qu’avec beaucoup de circonspection qu’on peut en faire usage.

Je viens de parler de Forkel : celui-là fut un de ces hommes rares qui mettent à tout ce qu’ils font le cachet d’une perfection relative. Le premier volume de son Histoire de la Musique avait révélé l’existence d’un musicien érudit, dont le mérite était supérieur à tout ce que l’Allemagne possédoit : la Littérature Générale de cet art vint mettre le comble à sa gloire. Non qu’il n’y eût à reprendre dans les deux ouvrages que je viens de citer ; mais il

  1. Neues Historisch-Biographisches Lexikon der Tonkünstler, etc. Leipsick, 1812-1814, 4 vol. in-8o .
  2. Allgemeine Litteratur der Musik, oder Anleitung zur Kenntnis musikalischer Bücher, etc. Leipsick, 1792, in-8o .