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PRÉFACE.

dix-huitième siècle, le piano qui trouve son origine dans cet instrument, a subi environ huit cent cinquante métamorphoses avant d’arriver à l’état perfectionné ou nous le voyons aujourd’hui dans ses trois types principaux du piano à queue ou grand piano, du piano carré, et du piano vertical. Or, chaque essai, chaque transformation a été l’objet d’une étude particulière qui a dirigé son auteur dans une voie de théorie spéciale qu’il est bon d’examiner dans ses détails, si l’on veut arriver à une connaissance exacte de la théorie générale des instrumens à cordes et à claviers. Des faits si variés et si multipliés ne pourraient être introduits dans une histoire générale de la musique sans en rendre la lecture ennuyeuse et fatigante : dans un dictionnaire biographique, ils sont tous à leur place, et les lecteurs n’en prennent que ce qui est à leur usage ; car un livre de ce genre est destiné à être consulté, non à être lu.

Ce que je viens de dire du piano, je pourrais le répéter pour tous les instrumens.

S’agit-il de l’histoire littéraire de l’art, les difficultés se multiplient à l’infini, si l’on essaie de la traiter selon l’ordre logique au lieu d’adopter la disposition alphabétique. Le moyen de surcharger un livre destiné à la lecture de tous ces détails d’éditions, de dates, de noms de lieux, d’indications de traductions ou de réimpressions ? Cependant toutes ces choses ont aussi leur utilité dans l’objet de certaines recherches et de certains travaux. Il faut, si l’on en éprouve le besoin, pouvoir les trouver quelque part ; et ce n’est que dans un dictionnaire qu’elles peuvent être bien placées.

Il résulte de tout cela que le but vers lequel je me suis dirigé n’a pu être atteint que par le plan que j’ai adopté : quelle que soit ma déférence pour l’opinion des savans qui ont été consultés par le ministère français sur la question de l’impression de mon livre, je n’en reste pas moins persuadé que cet ouvrage a dû être fait dans la forme où je le publie, et qu’une histoire de la musique, telle que je la conçois, n’aurait pas satisfait aux conditions de mon travail.

Après avoir rendu compte des motifs qui m’ont fait persister dans mon opinion qu’un bon dictionnaire biographique des musiciens doit être non seulement un livre utile, mais un livre nécessaire, et qu’il a par sa nature une destination toute différente de celle d’une histoire de la musique,