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PRÉFACE.

biographie et la bibliographie ne sauraient y trouver place sans la surcharger de détails fastidieux. C’est pour n’avoir point eu égard à cette distinction fondamentale que Martini, Forkel, Burney et Hawkins ont écrit de volumineux ouvrages qui peuvent être consultés avec fruit, à cause de l’esprit de recherche et de la sagacité qui ont présidé à leur rédaction, mais qu’on ne saurait lire, rebuté que l’on est par des hors-d’œuvre qui font incessamment perdre de vue l’enchaînement des objets principaux.

D’un autre côté, il y a tant d’enseignement à recueillir dans la vie des hommes qui ont fait l’art et la science, dans l’analyse de leur génie et de leurs travaux, qu’on ne saurait qu’imparfaitement l’histoire de la musique si cette autre histoire curieuse n’en était le corollaire. Or, celle-ci ne pourrait jamais satisfaire à ses plus utiles conditions si elle n’étais disposée dans l’ordre alphabétique. La forme logique, l’enchaînement chronologique des faits ont seuls droit de nous plaire dès qu’il s’agit de l’art en lui-même ; mais à l’égard des hommes, c’est autre chose : on ne peut les connaître qu’en les considérant isolément. La biographie générale ne sera donc jamais traitée avec succès que sous la forme d’un dictionnaire, parce que le besoin se présente sans cesse de recueillir des renseignemens sur un savant ou sur un artiste, abstraction faite de ce qui a précédé ou suivi son existence : avec l’ordre alphabétique, ces renseignemens peuvent être mis immédiatement à notre disposition, sans que notre esprit soit détourné de son objet par des détails ou des considérations qui y seraient étrangers.

D’ailleurs, rien ne montre mieux l’utilité de ce genre de livre que le bon accueil qui leur est fait en général. Tel est à cet égard l’empressement des lecteurs à se les procurer, que les plus mauvaises compilations, les plus informes recueils, faits à la hâte et sans conscience comme sans savoir, obtiennent presque toujours une sorte de succès. S’ils ne répondent pas à ce qu’on en espère, c’est à l’auteur qu’il faut s’en prendre : la faute est dans l’exécution de l’ouvrage, non dans son plan.

Qu’il me soit permis de démontrer qu’à l’égard de la musique, mille choses remplies d’intérêt doivent trouver place dans un dictionnaire biographique et ne pourraient convenir à une histoire de l’art. Prenons pour exemple la facture des instrumens. Depuis la première invention du clavecin à maillets, par un artiste français, dans les premières années du