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PRÉFACE.




L’usage de rendre compte, dans une préface, des soins qu’on s’est donnés pour faire un livre est maintenant bien suranné, et l’on ne fait guère plus de préfaces aujourd’hui qu’on ne fait de livres qui valent la peine de dire comment ils ont été faits. Toutefois, nonobstant l’usage ou la mode, je me persuade qu’un ouvrage de l’espèce de celui-ci m’autorise, m’oblige même à parler et de son objet et des moyens que j’ai eus à ma disposition pour l’exécuter ; je crois devoir parler aussi des idées prédominantes sous l’influence desquelles il a été écrit.

Les esprits philosophiques ont en général de l’éloignement pour les livres disposés par ordre alphabétique, parce que cet ordre n’a rien de rationnel, et parce qu’il brise l’enchaînement des faits et des idées pour faciliter des recherches partielles. De là vient que la commission à qui l’examen de mon ouvrage fut confié, lorsque je demandai son impression gratuite au gouvernement français, tout en accordant des éloges flatteurs à l’auteur et à son travail, exprima le regret qu’il ne lui eût pas donné la forme d’une histoire de la musique au lieu de celle d’un dictionnaire biographique et bibliographique.

Je l’avoue, malgré la sincère estime dont je suis pénétré par le mérite des hommes distingués qui font partie de cette commission, je n’ai pu partager leurs idées à cet égard, par la raison très simple que je travaille depuis long-temps à une histoire de la musique qui est absolument différente de la Biographie universelle des Musiciens, soit par son ensemble, soit par ses détails. L’histoire de la musique n’est autre que celle des faits considérés en eux-mêmes, de leur enchaînement et de leur influence réciproque, directe ou indirecte, abstraction faite de la vie et des travaux individuels des artistes qui ont pris part à la production de ces faits ou aux développemens de leurs conséquences. Cette histoire est si riche, que la