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ville. Les peintres de la corporation locale lui interdirent d’exercer son art avant qu’il eût satisfait aux règlements. Cela ne lui fut pas difficile, car il s’agissait d’exécuter une œuvre qui prouvât la capacité du récipiendaire. Il réussit, cela va sans dire ; il ne réussit que trop, car sa supériorité blessa les peintres tournaisiens qui ne cessèrent de lui susciter des tracasseries. Nous ne nous arrêtons pas à ces misères, sur lesquelles Van Mander s’étend longuement, parce que nous ne voulons pas, comme nous l’avons dit, sortir des limites que nous prescrit notre sujet ; mais les particularités que rapporte le biographe des peintres flamands n’en ont pas moins un certain intérêt pour l’histoire de l’art et des mœurs des artistes.

La fin de la carrière de Pierre Vlerick fut des plus tristes. Il demeura à Tournai qui se montrait pour lui si peu hospitalière, fit des tableaux qu’il ne vendit pas et fut réduit pour vivre, si cela pouvait s’appeler vivre, à pratiquer la peinture non plus comme un art, mais comme le plus humble des métiers. Poursuivi pour des dettes qu’il avait été obligé de contracter, il perdit coup sur coup ses trois filles et mourut lui-même de la peste en 1581, à l’âge de quarante-deux ans. Combien de fois ne dut-il pas songer à l’Italie, à l’accueil qu’il y avait reçu, à la considération qu’on y avait eue pour son talent, aux jours heureux qu’il y avait passés ?