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petite ville de province à un artiste qui venait d’agrandir la sphère de ses idées par un séjour de plusieurs années dans un pays riche en monuments de tout genre et fertile en hommes distingués ? Mourir de faim ou périr d’ennui, telle est l’alternative où le peintre courtraisien se trouvait placé. Que ne s’était-il, à son retour, fixé soit à Bruxelles soit à Anvers, les seules villes de la Belgique où régnât à cette époque le mouvement des arts ? Il se maria et ce furent, sans doute, des raisons de famille qui le retinrent à Courtrai. Doué d’un tempérament énergique, il lutta courageusement contre la mauvaise fortune. Tableaux, portraits, plans de maisons, car il avait acquis des notions théoriques et pratiques d’architecture, il multiplia les preuves de son talent et de son activité. Ce fut en pure perte. Il resta méconnu par ses concitoyens, ou plutôt il Subit les effets de cette espèce d’asphyxie intellectuelle contre laquelle un homme de mérite se débat en vain dans une petite ville de province. Van Mander cite de lui plusieurs tableaux exécutés à cette époque de sa carrière et dont il fait l’éloge. Que sont-ils devenus ? Ou en cherche vainement la trace, en Belgique et ailleurs. Vlerick paraît être resté l’élève du Tintoret et avoir continué de peindre dans la manière du maître vénitien. C’est vraisemblablement ce défaut d’originalité qui aura causé la perte de ses œuvres non signées. On n’aura pu les rattacher ni à son nom, ni à celui d’aucun des peintres de l’école flamande, et si elles ne sont pas anéanties, elles ornent peut-être quelque église de village, attribuées par l’amateur qui les voit accidentellement à un Vénitien de la décadence. Telle est la juste punition des artistes qui ne savent pas garder un cachet personnel.

Vlerick ne faisait pas fortune à Courtrai. Il voulut essayer si son mérite serait mieux apprécié et mieux rétribué à Tournai. De nouvelles tribulations l’attendaient dans cette