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l’obtenir. Nous avons vu que Pierre Vlerick avait été employé par le Tintoret à orner ses tableaux de fonds de paysages. Ce fût une mission tout opposée qu’il reçut de Girolamo Muziano. Ce maître traitait supérieurement la ligure ; mais il excellait davantage encore dans les vues champêtres, ce qui lui avait valu à Rome le surnom du Jeune homme aux paysages. Il imitait avec succès la manière de Titien qu’il avait étudiée à Venise. Le goût des perspectives champêtres dominait alors à Rome ; tous les possesseurs de palais et de villa voulaient avoir des spécimens de ce genre de décoration, et Muziano pouvait à peine suffire aux commandes qu’il recevait de toutes parts. Force lui était de prendre des aides, pour contenter ses nobles clients. Il fit exécuter par Vlerick des figures dans plusieurs de ses paysages, et notamment dans ceux dont il orna la célèbre Villa d’Este, près de Tivoli. Le choix qu’un peintre tel que Muziano avait fait de notre jeune Flamand comme collaborateur, témoigne assez du mérite de celui-ci.

Pierre Vlerick ne voulait pas plus se fixer à Rome qu’il n’avait voulu s’établir à Venise, toute fable de mariage à part. Il alla à Naples où il prit beaucoup de vues d’après nature, tant dans la ville même que dans ses environs si riants et si pittoresques ; ce fut le terme de ses pérégrinations. Fortifié par des études assidues, riche de matériaux qu’il espérait pouvoir utile ment employer dans son pays, il quitta l’Italie où il laissait, comme tant d’autres de nos Flamands, la trace de son passage, et reprit le chemin de la Belgique, se dirigeant cette fois à travers l’Allemagne qu’il désirait connaître.

Pierre Vlerick était de retour dans sa ville natale. S’il faut en croire Van Mander, il n’est pas lieu de se féliciter d’avoir quitté Venise et Rome pour Courtrai. Nous le croyons sans peine. Quelles ressources pouvait offrir une