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quitta Venise pour aller visiter d’autres villes et pour se rendre à Rome. » Voilà qui est positif : Tintorel donne sa fille en mariage à Pierre Vlerick. Dans la seconde notice on est moins affirmatif, sans faire connaître toutefois pourquoi l’on présente les choses sous un nouvel aspect : « Après avoir mûri son talent par un travail soutenu et une étude intelligente et réfléchie des bons modèles, Vlerick se disposa à visiter les autres villes remarquables de l’Italie. Le Tintoret, charmé de sa manière de peindre, des connaissances variées et de l’humeur enjouée de notre compatriote, s’efforça de le retenir auprès de lui, en lui offrant la main de sa fille. Pierre, qui était un agréable boute-en-train, léger et pétulant, avait courtisé dans ses moments de loisirs la belle enfant ; mais, soit qu’il fût trop attaché à sa patrie, soit que sa passion des voyages ne fût pas assouvie parce qu’il avait vu, il laissa là ses amours et son maître, fit ses adieux au grand peintre qui l’avait chéri comme un fils, et visita successivement toutes les villes où il espérait trouver quelque objet qui pût servir à son instruction. » Trompé par ce récit, où tout est imaginaire, M. Siret a dit dans son Dictionnaire historique des peintres de toutes les écoles : « Il (Vlerick) sut gagner l’estime du Tintoret, qui voulut lui faire épouser sa fille ; mais le désir de voyager fit que Vlerick repoussa cette proposition. » Ainsi, parce qu’il a plu à un biographe d’inventer des épisodes qui n’ont aucune apparence de fondement, dans le seul but sans doute de rendre son héros plus intéressant et d’allonger sa notice, voici la belle Maria Tintoret présentée comme une amante délaissée. Le jeune peintre de Courtrai l’a courtisée dans ses moments de loisir, puis il l’a plantée là, si l’on veut bien nous passer cette expression vulgaire. Le Tintoret veut lui faire épouser sa fille, mais il repousse cette proposition. La belle Véni-