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entre les mains de plusieurs praticiens : celui-ci faisait la tête, celui-là les mains ; un autre les pieds, un quatrième les draperies, un cinquième les fonds et accessoires. Pierre Vlerick se résigna quelque temps à louer sa collaboration au fabricant de ces œuvres de pacotille qui lui avait ouvert son atelier ; mais dès qu’il eut fait quelques économies, il se hâta de le quitter pour aller à Anvers, où de tous autres moyens d’études devaient lui être offerts. Ces détails sont donnés par M. Van Mander, qui avait eu Pierre Vlerick pour maître, et qui fournit des indications très-précisés sur la partie belge de sa biographie, s’il nous est permis de nous exprimer ainsi. Nous passerons rapidement sur cette phase de sa carrière pour le suivre en Italie, puisque c’est à retracer les incidents de la vie de nos artistes à l’étranger que nous nous attachons ici particulièrement.

Pierre Vlerick demeura quelque temps à Anvers, où il fréquenta, suivant ce que nous dit Van Mander, l’atelier de Jacques Floris, frère de Frans Floris, et où il exécuta de nombreuses copies qui formèrent son coup d’œil et sa main. Le voilà parti pour l’Italie : il traverse la France et pousse jusqu’à Venise, où il plante sa tente de voyageur. Il va demander au Tintoret la faveur d’être admis au nombre de ses disciples. C’est à ce maître que nos Flamands s’adressaient de préférence, et, quoiqu’il ne tînt pas école ouverte comme d’autres peintres, il les accueillait bien. Peut-être ses bonnes dispositions pour eux tenaient-elles à ce qu’il pouvait utiliser un genre de talent qu’ils possédaient tous, et que ceux de ses compatriotes par lesquels il se faisait seconder dans l’exécution de ses immenses travaux n’avaient pas généralement au même degré. Nous avons déjà eu l’occasion de le dire plus d’une fois, les artistes flamands, éminemment doués de l’instinct de la nature, avaient devancé, comme paysagistes, ceux