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Quand sous l’accablement qui l’étreint et l’écrase
Un peuple, mis à bout, de colère s’embrase ;
Lorsque les loups hurlants encerclent le troupeau,
Que la victime enfin va frapper son bourreau,
Tous ces Prêtres-bergers apaisent la tourmente.
Ils proclament combien la révolte est démente,
Et que Dieu la défend comme un crime odieux.
Or, l’on voit se calmer les esprits furieux.
Et nos prêtres alors, sublimes de vaillance,
Au cœur du troupeau font renaître l’espérance.
— « Toujours un peuple est sauf s’il est de Dieu l’élu ;
Dans la soumission est l’unique salut. » —
Et voilà ce qu’on dit et ce qu’on fait ces prêtres,
Et nous sommes restés ce qu’étaient nos ancêtres.

L’ORPHELINE

Nobles enfants de France… Oui, vous l’êtes vraiment.

LE CANADIEN, s’animant

Nous le serons encor : bon sang jamais ne ment !
Car nos luttes là-bas ne sont pas terminées.
L’Anglais s’acharne encor malgré nos quatre années
De labeurs, de combats et d’efforts inouïs
Dans la tranchée où, las nous étions enfouis.
Nous n’avons pas compté : chaque jour à mesure
De bon sang nous avons complété la mesure.
Et nous n’espérions rien. La gloire et les honneurs
N’avaient aucune emprise en nos modestes cœurs.
Et prêts pour votre France à tous les sacrifices,
Nous ne demandions rien pour nos humbles services.
Nous avions devant nous un suprême devoir ;
Ce devoir accompli, nous n’avions qu’un espoir ;
Cet espoir que la France à ma race martyre
Adresserait, un jour, un bienveillant sourire.

L’ORPHELINE

Ce sourire, La France en ce moment déjà
À votre beau pays qui se sacrifia
Si généreusement pour son honneur, le donne.
Car son cœur maternel de vos exploits s’étonne,
Elle s’émeut de voir encore si français
Ses braves Canadiens ; et de tous ses succès,
Et de tous les lauriers qu’apporte la victoire,
Des honneurs qu’on lui fait, de son auguste gloire,
La France en ce grand jour vous offre large part.