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Toujours plus furieux de notre résistance,
Malgré ses rudes coups on le tint à distance.
À des enfants français on voulut, d’une loi
Qu’aux petits on impose, arracher l’humble foi.
Par cent pièges divers et de savantes ruses,
Par d’infâmes moyens, tels que les lois confuses,
Du beau parler de France on complota la mort,
Pour ne leur réserver qu’un exécrable sort.
Mais leurs fronts abattus soudain se relevèrent
L’abject abaissement que des tyrans rêvèrent
Pour nous, les Canadiens, ne se produisit pas.
Français sur votre sol, nous le fûmes là-bas,
Et malgré le grand nombre et malgré la mitraille
Nous nous dardâmes tous au sein de la bataille.
Ce fut ni le canon, ni le feu, ni le fer ;
Ce fut ni la tranchée et son horrible enfer ;
Et ce ne furent pas des luttes sanguinaires,
Ni la mêlée atroce où grondent des tonnerres,
Ni le choc effrayant des cuirasses d’acier,
Ni l’énorme galop du sombre cavalier,
Ni le heurt furieux de deux masses hurlantes
Qui déchirent leurs chairs de leurs armes sanglantes…
Ce fut plus grand, plus beau, plus terrible et mortel :
C’était un peuple fier contre un peuple cruel
Qui défendait sa foi, qui protégeaient sa race,
Et, superbe et farouche, il frappait à la face !

L’ORPHELINE

C’était une autre Alsace avec d’autres Prussiens.
Mais notre France, un jour, se souviendra des siens
Volant à leur secours.

LE CANADIEN

Dieu veuille vous entendre !

Quels hommes nous avions aussi pour nous défendre !
Et ces hommes, c’étaient nos prêtres vénérés.
Vaillants soldats du Christ, doux, soumis, éclairés,
Remplis de dévouement, ayant tous les courages,
Ils ont conduit la barque à travers les orages.
À l’heure où la révolte emplissait tous les cœurs,
Quand le vieux sang Gaulois sortait de ses torpeurs,
Et lorsque le vieux glaive en des mains frémissantes
Étincelait encor de lueurs rugissantes ;
Quand des cris de fureur contre l’oppression
Appelaient la vengeance et la rébellion ;