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L’ORPHELINE, avec amertume

Ils ont pillé, brisé… J’avais des choses rares,
Aussi des souvenirs qui m’étaient précieux,
On me les a volés.

LE CANADIEN, même jeu

Ces pillards furieux

N’ont laissé que lambeaux et débris lamentables.
C’est ainsi qu’elles font ces brutes redoutables.
Oh ! ce n’est pas fini… nous saurons vous venger !
Mais comment avez-vous évité le danger,
Sans personne avec vous, sans rien pour vous défendre ?

L’ORPHELINE

Oh ! avec les Prussiens on sait à quoi s’attendre…
Alors, j’étais partie.

LE CANADIEN avec intérêt

Étiez-vous seule ?

L’ORPHELINE

Non ;

Mon frère, lieutenant, m’a conduite à Noyon.

LE CANADIEN

Qu’est devenu ce frère ?

L’ORPHELINE, penchant la tête

Hélas !… pour lui je prie

Dieu tous les jours : il est tombé pour la Patrie.

(Un repos durant lequel, comme pour échapper à un souvenir pénible, la jeune fille se dirige lentement vers une fenêtre du fond, dans le rayon de lune. Par cette fenêtre elle promènera des regards distraits. Le Canadien l’aura suivie de quelques pas pour s’arrêter ensuite et dire d’un ton timide :)

LE CANADIEN

Ainsi… quand vous chantiez tantôt ce chant d’espoir,
Ce n’était donc pas lui que vous pensiez revoir ?