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PROLOGUE


À cette époque, c’est-à-dire vers l’an 1780, la petite ville de Trois-Rivières commençait de rivaliser dans le commerce avec ses deux sœurs jumelles, Québec et Montréal. Sa population, d’à peine deux mille âmes et très industrieuse, comptait plusieurs hommes de grande valeur intellectuelle, morale et financière.

Située entre ses deux sœurs à distance à peu près égale de l’une et de l’autre, la petite ville qui, en fait n’était qu’un bourg, formait comme une sorte de trait d’union et un relais en même temps pour le commerce établi entre les deux villes extrêmes. Elle était là comme une auberge de grande route avec sa porte ouverte aux voyageurs. Elle devenait le point de repère du trafic qui se faisait de l’est à l’ouest et du nord au sud. L’industrie y naissait avec une croissance surprenante sous la poussée de ses commerçants habiles, de ses hommes d’affaires intelligents et autres personnalités qui jouissaient dans tout le pays d’un haut respect et d’une grande confiance.

Au nombre de ces personnalités était plus particulièrement remarqué le sieur Pierre du Calvet, gentilhomme huguenot et ancien magistrat, dont la fortune, la remarquable intelligence, l’énergie, le patriotisme et l’amour infini qu’il avait acquis pour sa patrie adoptive, le Canada, en faisaient un des personnages de l’époque. Ayant beaucoup de relations avec les huguenots établis en Louisiane, sa réputation s’était étendue à tous les états anglo-américains, si bien que des agents américains vinrent à plusieurs reprises le consulter sur l’opportunité, pour les colonies de l’Atlantique, de prendre leur indépendance politique et économique. Du Calvet fut chargé de toutes les rédactions des