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ment de MM. Godd, Hamm et Quik. Car ce qu’ils virent en pénétrant dans cette crypte, aux senteurs de chapelle mortuaire ou de sépulcre, les épouvanta à ce point que leurs dents, en s’entrechoquant, se briserent.

Que voyaient-ils ?

Entre chaque colonne, à gauche et à droite de la nef, et remplissant l’espace de chacun des arcs ou arcades, les trois malheureux agents de police voyaient des cages… oui, des cages tout simplement. Mais quelles cages !… Les unes en or, les autres en argent, en ivoire, en bronze, en pierre, en acier solide en verre rouge, en cristal bleu, bref, une variété de cages à nulle autre pareille. Toutes ces cages étaient d’un aspect si solide qu’elles pouvaient défier la mitraille la plus puissante.

Mais dans ces cages… voilà où les dents des policiers ne purent résister à l’entre-choc… leurs prunelles horrifiées virent des femmes, dont la physionomie était devenue terrible par l’atroce souffrance qu’elles enduraient. C’étaient, comme le remarqua M. Quik, des femmes jeunes et belles… des femmes qui conservaient encore leur visage d’enfant, on eût dit des fillettes !

Les trois agents essayèrent de fermer les yeux, mais une force surhumaine retenait les paupières, les empêchait de s’abaisser. Ils furent donc contraints de regarder.

La première cage, en or celle-là, était représentée par une jeune femme livide, maigre, et vêtue de haillons sanglants. Elle était dans une sorte de hamac suspendu à des poteaux d’acier au centre de la cage. Elle allait et venait aussi régulièrement que la pendule d’une horloge. Deux mains de fer ornementées de doigts en acier effilés comme des aiguilles, et disposées de chaque côté du hamac faisaient aller celui-ci. À chaque va-et-vient une main ou l’autre se fermait, les doigts pénétraient dans les chairs de la jeune femme et se retiraient ensanglantés. Et le ha-