Page:Féron - Le philtre bleu, publié dans l'Étoile du nord, du 12 août au 28 octobre 1926.pdf/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mes, ou, peut-être mieux, ces deux jeunes filles avaient été tour à tour au service du docteur à titre d’infirmières. Un jour, elles avaient quitté leur service pour entrer dans un hôpital de la ville. À six mois de distance entre l’une et l’autre, ces deux jeunes personnes abandonnèrent l’hôpital, louèrent une chambre garnie et firent demander le docteur Jacobson. Que s’était-il passé entre ces femmes et le docteur ? Nous ne pûmes jamais le savoir. Seulement, à la fin, nous apprîmes que les deux opérations avaient été pratiquées en présence d’une sage-femme et d’une infirmière. De suite l’illégalité disparaissait. Mais il planait sur le docteur de graves soupçons. On fouilla, on mit tout en œuvre pour trouver un indice de culpabilité. Rien n’y fit. Le docteur fut relâché et l’affaire classée. Seulement, vu la gravité de l’affaire et le soupçon qui demeuraient, le Bureau des Médecins de la province suspendit le docteur pour la période d’une année. Durant cette année-là, le docteur Jacobson voyagea. Puis il vint s’établir en cette cité de Montréal. Voilà donc quatre ans passés, et rien encore n’est venu à nos oreilles ou à nos yeux pour nous faire douter le moindrement de l’honorabilité du docteur. Et voilà !

M. Hamm, qui, pendant ce récit, avait joué avec la breloque de sa chaîne de montre, se leva, marcha par le cabinet parut méditer très profondément, à en juger par ses sourcils fortement contractés, reprit son siège et dit :

M. Godd, ce dossier est obscur, c’est-à-dire n’a jamais été élucidé. Il demeure en cette affaire un hic impossible à saisir. Eh bien ! qui nous dit que l’heure n’est pas venue où le mystère peut être pénétré et la vérité mise à jour ?

— C’est ce dont je me réjouirais grandement.

— C’est ce dont nous allons nous occuper dès aujourd’hui. Je ne crois pas à la fumisterie. Ce docteur Hiram Jacobson est un être mysté-