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d’un aspect formidable, et sur cette enclume reposait un marteau non moins formidable d’aspect.

Les trois compagnons jetèrent sur ces trois objets, c’est-à-dire le forgeron, l’enclume et le marteau, un regard d’effroi.

Le forgeron esquissa un sourire narquois. Puis, il prit une paire de pinces, et retira du feu de la forge quelque chose qui, à l’œil observateur de M. Quik, sembla avoir la forme d’un joli collier en fer s’ouvrant et se fermant comme un bracelet.

Il fit un signe aux Éthiopiens. Ceux-ci, alors, s’appliquèrent à lier bien soigneusement au dos des trois agents leurs poignets à l’aide d’un fil de fer. Cela fait, ils saisirent M. Godd, le portèrent devant l’enclume où, malgré son épouvante, le chef de l’agence policière dut bien laisser le forgeron lui passer au cou le collier brûlant. Il voulut pousser un cri de douleur, mais sa gorge serrée refusa d’émettre un son. Puis, les Éthiopiens inclinèrent la tête de M. Godd sur l’enclume, le forgeron leva l’énorme marteau et d’un coup sec riva le collier.

Et ce fut le tour de M. Hamm.

Ce fut peu après le tour de M. Quik.

Seulement, M. Quik qui, même dans les circonstances les plus désespérées, ne perdait pas tout à fait son esprit d’observation, observa ou plutôt il sentit, au moment où le forgeron lui appliquait au cou le collier de fer rougi, comme trois pointes qui pénétrèrent dans sa nuque, qui brûlèrent jusqu’à ses moelles les plus reculées. Et M. Quik se rappela les trois petites taches sanglantes qu’il avait aperçues sur la nuque blanche de Mme Jacobson. Il observa encore que ces trois pointes, qui entraient dans sa chair, n’étaient pas là par simple fantaisie ou par un raffinement de torture. Point du tout. M. Quik comprit que ces trois pointes étaient là pour retenir le collier fixement et l’empêcher de se déplacer !

Une fois les colliers posés et dû-