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— Qu’avez-vous ? souffla M. Godd.

— Cet homme… murmura M. Quik.

— Eh bien ?

— C’est lui… le docteur !

M. Hamm darda des regards aigus sur le personnage.

À cette distance, les agents ne pouvaient déchiffrer la physionomie de l’inconnu ; mais ils pouvaient voir qu’il était élégamment vêtu d’une longue pelisse, que le chef de cet homme était surmonté d’un splendide et luisant haut de forme, que ses mains étaient parfaitement gantées.

Ils épièrent curieusement ses mouvements.

L’inconnu, une fois dans le cabinet marchait avec aisance, comme s’il se fût trouvé chez lui. En effet, dans la demi obscurité il allait sans effort, sans à tâtons, vers le petit buffet. Là, il tira le panneau d’une armoire inférieure, en retira une bouteille, prit un verre, l’emplit de la liqueur contenue dans la bouteille, vida ce verre d’un trait, puis déposa verre et bouteille sur le buffet, et non en l’armoire d’où il avait tiré ces objets.

Posément, ensuite, d’un pas très sûr, le personnage regagna la porte par laquelle il était venu et disparut. Le cabinet de travail retomba dans la complète obscurité.

M. Godd souffla fortement.

— Oh ! oh ! murmura-t-il à l’oreille de ses associés, très curieux ! très curieux !

— Ce docteur est peut-être bien le diable ! fit M. Hamm d’une voix tremblante.

M. Quik, qui voulait se montrer très brave, ricana et dit :

— Bah ! s’il est fort, il aura bientôt affaire à plus fort que lui !

— Qu’allons-nous faire ? Interrogea M. Godd.

— Une chose qu’il importe de savoir, c’est ce que contient cette bouteille.

— Ce doit être une liqueur quelconque : un cognac, un whiskey…

— À moins que ce soit le fameux