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de la maison. Naturellement aussi, les chapeaux avaient suivi les pelisses et les cannes.

Une fois ces objets précieux mis à l’abri, les trois agents songèrent à leurs propres personnes. Où dérober ces personnes ?…

M. Quik avait avisé un large écran disposé non loin de la table de travail du docteur, sur la gauche, entre les deux croisées qui donnaient sur le parc. Derrière cet écran, paré d’une riche tapisserie, se trouvait un lavabo et accessoires pour l’utilité personnelle du docteur. Temporairement c’était le refuge le plus sûr pour les trois policiers. Aussitôt les lumières du cabinet furent éteintes, et les trois hommes se glissèrent derrière l’écran.

Le silence de la maison n’avait pas encore été le moindrement troublé. On eût entendu la plus minuscule des mouches voler. Mais ce silence devenait étouffant.

La pendule tinta neuf heures.

Au dernier coup de timbre, un hurlement diabolique fit trembler l’espace.

Derrière l’écran les trois agents frémirent.

Un silence plus morne, plus étouffant suivit.

Dix minutes passèrent.

Un pas se fit entendre dans une pièce voisine du cabinet. Par cette porte même où nous avons vu apparaître, une fois, Mme Jacobson, une silhouette diffuse, humaine ou autre, parut tout à coup. Cette porte n’avait été qu’à demi ouverte et sans bruit. Mais par les tentures légèrement écartées, un mince filet de lumière s’était soudainement fait jour pour couper d’un rayon pâle l’obscurité du cabinet. Et c’est dans ce rayon que venait d’apparaître la silhouette… une silhouette qui se précisa bientôt aux yeux troublés des trois agents. Et cette silhouette était un homme, selon toute apparence, un homme d’une assez forte corpulence même !

M. Quik faillit s’évanouir.