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Un silence de plomb pesait sur toute la maison.

Le policier savait d’ores et déjà que les deux domestiques, la camériste et la cuisinière, s’étaient retirés après leur service du soir.

Il se mit à griller des cigarettes bout à bout, tout en tenant ses yeux fixés sur la pendule du cabinet.

L’heure avançait, et M. Quik paraissait tourmenté par l’impatience ou l’inquiétude.

La demie de huit heures fut marquée au cadran par les aiguilles d’or.

— Viendront-ils ? se demanda le policier.

À cette minute même, un léger coup de sifflet retentit au dehors.

M. Quik sourit, se leva, marcha à l’une des hautes croisées qui donnaient sur la rue, et, par trois fois, il éleva et abaissa l’un des rideaux.

Cela fait, il sortit du cabinet, pénétra dans le vestibule et attendit.

Bientôt deux ombres se dessinèrent sous le portique, deux ombres silencieuses, deux silhouettes humaines que M. Quik reconnut avec aise.

Il ouvrit doucement la porte, et les deux silhouettes se faufilèrent à l’intérieur.

Dans le vestibule M. Quik serra les mains tendues de messieurs Godd et Hamm.

Les pelisses furent enlevées et déposées avec les cannes dans le petit vestiaire. Puis, M. Quik poliment introduisit ses visiteurs dans le beau cabinet de travail du docteur Jacobson.

Il murmura avec une très grande satisfaction :

— Enfin, nous sommes là !

M. Godd était fort blême et mordillait le bout de son cigare éteint.

M. Hamm était livide, et sa main caressait énergiquement la crosse du revolver dissimulé dans une poche de son habit.

Naturellement, M. Quik les avait clairement renseignés sur les événements qui s’étaient déroulés la nuit précédente. Aussi, MM. Godd et Hamm