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paraître vers les profondeurs de la maison. Puis plus rien ! Tout retomba dans le mortel silence d’avant.

Qu’importe ! Ce silence, quoique terrible, valait encore mieux que le démoniaque chahut qui l’avait terrorisé un moment. Car M. Quik retrouva son aplomb, son courage avec l’éloignement du danger !

Mais allait-il maintenant se recoucher ? Un peu de lit moelleux l’eût fort réconforté, car il se sentait excessivement fatigué par l’effroyable tension que son esprit et ses nerfs avaient subie. Mais non… il importait de combattre la fatigue, comme la peur avait été combattue ! Et M. Quik, sans plus, décida qu’il allait savoir ce qui se passait d’étrange dans cette maison maudite ou, tout au moins, ce qui s’était plus particulièrement passé dans son corridor.

Encore à tâtons il chercha la porte, mit les doigts sur la clef, tourna celle-ci. Les mêmes doigts se posèrent ensuite sur le bouton. M. Quik tira lentement la porte, tenant son revolver braqué sur l’ouverture, deux pouces d’entrebâillement tout au plus. Mais cela suffisait pour le moment au policier. Par cette mince ouverture il put voir que le corridor était très noir, que le globe vert n’était plus là, ou du moins qu’il n’éclairait plus.

Le corridor était tout à fait silencieux.

Rassuré, M. Quik se hasarda à ouvrir tout à fait sa porte, puis à risquer la tête, puis un pied dans le corridor ; mais tête et pied dûment précédés par le canon du revolver. De son regard légèrement troublé M. Quik put alors entrevoir une légère clarté filtrant dans l’escalier et s’arrêtant sur le palier de son étage. Il se dirigea vers cette clarté, lentement, un peu tremblant, l’œil fixe très ouvert, l’oreille bien allongée en avant. Il avança sans bruit, sans un souffle, comme une ombre.

Mais il dut s’arrêter à mi-chemin et tout à coup. Dans ses veines son