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je ne suis pas du tout à mon aise dans ce lieu magnifique !

Il ricana, se dressa, cambra sa petite taille et jeta aux glaces un regard dédaigneux, comme s’il s’en fut pris à ces objets inanimés du malaise qu’il ressentait au fond de son être… tout au tréfonds ! Car nous pouvons bien le dire, le policier, sans le savoir, sans pouvoir en définir le motif ou la cause, avait peur !

Et sa peur faillit tourner à la terreur, lorsque, au moment où il allait jeter son habit sur le canapé richement tapissé, son oreille très tendue perçut une sorte de plainte très lugubre… Et cette plainte, funèbre entre toutes, parut venir de l’au-dessous… oui, comme juste sous ses pieds.

Il frémit et regarda pour s’assurer que ses deux pieds n’avaient pas remué un objet quelconque, un papier peut-être. Il ne vit qu’une petite carpette posée devant le canapé sur le parquet bien ciré.

N’importe ! il demeurait frémissant. Il voulut remonter son courage défaillant.

— Voyons ! se dit-il, est-ce que je vais avoir peur pour de bon ? Est-ce que je vais prendre pour des bruits bizarres ce qui n’est que l’effet de mon imagination ou de mon esprit fatigué ?

Il se pencha vers le parquet et se mit à écouter : aucun bruit que le battement de ses tempes.

Il se redressa en souriant, haussa les épaules avec une indifférence affectée, acheva sa toilette de nuit et se mit au lit.

Mais avant de glisser sous les draps tièdes, il eut soin de placer sous l’un des oreillers très moelleux et discrètement parfumés un revolver. Avec cette arme sous sa tête M. Quik pouvait se sentir en sûreté. Il s’apprêta au repos. Mais il remarqua que le lustre continuait de flamber. Il valait mieux, pensa-t-il l’éteindre.

À l’une des colonnes de son lit, au chevet, il découvrit deux petites chaî-