Page:Féron - Le philtre bleu, publié dans l'Étoile du nord, du 12 août au 28 octobre 1926.pdf/42

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tout à coup, il tressaillit. Un bruit léger avait secoué l’énorme et pesant silence de la maison. Il prêta l’oreille. Son cœur battait vivement : il y posa une main comme pour le contenir. Ce bruit qu’il avait perçu, et qui avait frappé son oreille un peu distraite, lui avait semblé comme un vagissement de nouveau-né.

Pendant dix minutes il demeura immobile, retenant son souffle, écoutant avec une attention extrême… mais le silence demeura.

Il respira, regarda la pendule et remarqua que celle-ci marquait dix heures.

Il pensa :

— Je vais monter à ma chambre. Je suis certain qu’il n’y a personne dans cette maison, et cependant ma certitude, par moments, se trouble. Car je suis dans une maison mystérieuse, et mes hôtes sont mystérieux, ils n’agissent sûrement pas comme des êtres humains à l’état d’esprit normal. Qui sait ?… Je me pense seul ici… et peut-être à travers ces tentures, ces draperies, au travers de ces murs qu’un œil dissimulé m’épie ! Il me faut être prudent ! Le mieux, pour l’instant, c’est de monter à ma chambre, de me coucher et de feindre le plus profond sommeil. Peut-être alors, arriverai-je à pénétrer les premiers secrets de cet antre !