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des livres, des paperasses, des cartes géographiques : l’une d’Afrique, l’autre des Indes ; puis, un mobilier sévère, de riches tapisseries, des bibelots, des peintures de maîtres ; pas de désordre, chaque chose à sa place, le tout disposé avec goût sûr. L’unique chose qui parut attirer plus spécialement le regard inquisiteur de M. Quik fut une belle panoplie, à laquelle étaient accrochées des armes d’une curieuse variété… armes de tous pays et de tous âges.

M. Quik s’en approcha. Un magnifique cimeterre frappa de suite son regard. Mais la lame très brillante, était légèrement tachetée à la pointe d’une substance qui, si elle n’était pas de la rouille, devait certainement être du sang… et du sang humain ! C’est ce que pensa de suite M. Quik. Il voulut s’assurer de l’exactitude de sa pensée : il mouilla de sa langue le bout de son index et frotta vivement l’une des taches. Cette tache demeura. M. Quik regarda son doigt : le doigt demeurait blanc, sans souillure, sans indice. Il hocha la tête.

Au-dessus du cimeterre pendait un stylet à poignée d’or curieusement ciselée. Cette sculpture représentait une jeune femme à genoux, les mains levées au ciel, un poignard enfoncé dans son sein. M. Quik frémit en dépit de toute la bravoure dont son cœur de policier était trempé. Sur la pointe du stylet il observe les taches, légèrement rousses, qu’il avait marquées sur la lame du cimeterre.

Un peu à gauche de cette arme antique, tout à côté d’une arquebuse pendue verticalement, M. Quik découvrit une hache de guerre. C’était une de ces bâches à large taillant et en forme de demi-lune comme en portaient, au troisième siècle, les Goths en leurs invasions. Et sur cette hache M. Quik aperçut encore les mêmes taches sanglantes.

Gravement encore, il hocha la tête. Puis, il se prit à repasser, comme en revue, toutes ces armes de fabrication ancienne et moderne.