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— On sait bien qu’elle voit, puisque je vois comme elle moi aussi.

Mais à ce moment la porte de la salle à manger s’ouvrait et les trois femmes se précipitaient à la rencontre de ceux qui leur ramenaient le cher blessé.

À la vue de son frère poussé dans la chaise roulante, avec le bandeau noir passé sur les yeux du blessé, Angèle ne put retenir un éclat de colère et elle s’écria :

— Ah ! maudit Spalding !

Harold Spalding, qu’Angèle ne connaissait pas, courba la tête sous la malédiction.

Mais déjà l’abbé Marcotte disait à l’impétueuse Angèle d’une voix rapide et basse :

— Tais-toi, malheureuse ! C’est lui qui pousse la chaise. Il est vaincu… il est pour nous maintenant… C’est la victoire de Jules !

Et alors Angèle, toute rougissante toute confuse, demandait pardon à Harold, Jules et Violette.

Et la mère maintenant, serrait son fils dans ses bras et disait d’une voix pleine de larmes :

— Ah ! mon cher enfant, tu me reviens aveugle, et moi, ta mère — ah ! que le bon Dieu en soit béni ! oui, Jules, je te vois !… Je vois ton malheur… le bon Dieu vient de me rendre soudain la vue.

Le lecteur peut facilement s’imaginer la scène qui suivit — scène que nous ne saurions décrire proprement.

Seulement, après les effusions du fils et de la mère, du frère et de la sœur ce fut Violette qui tombait dans les bras de celle qui, à l’avenir, allait lui servir de mère, de celle qui serait sa sœur.

Et dans la joie du retour, l’abbé Marcotte disait :

— Comment peut-il être des hommes encore pour douter de la bonté et de la toute-puissance de Dieu !…


CONCLUSION


Après le retour de nos blessés, avait lieu le mariage du lieutenant Marion et de Violette Spalding. L’abbé Marcotte lui-même avait béni les nouveaux époux auxquels toute la capitale avait adressé ses meilleurs vœux de bonheur.

La magnifique résidence de Harold Spalding est devenue la maison de famille : c’est là que vivent maintenant Jules et Violette, la mère du héros et la brave Angèle.

Tous les jours l’abbé Marcotte vient faire sa petite visite, soit pour causer politique avec Harold qui est devenu « doux comme un mouton et timide comme une jeune fille » comme disaient souvent ses bonnes amies d’antan.