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et sa tranquillité, et répondit sur un ton équivoque :

— Mademoiselle, il me semble que nous nous sommes toujours bien compris.

— Est-ce tout ce que vous avez à répondre ?

— Que voulez-vous de plus ?

— Ceci : dit rudement Violette. Dites à mon père, ordonna-t-elle d’une voix haute et impérieuse, dites-lui que vous refusez ma main !

Impossible… j’ai promis à votre père de vous épouser.

— Contre mon gré ?… ricana Violette.

— Bon gré mal gré !

— Mais vous êtes fou !…

— C’est possible.

— Mais je vous dis que vous ne réussirez pas

— Je pense le contraire.

— Et moi, rétorqua Violette avec feu, je pense que vous allez avant longtemps épouser une bonne corde de chanvre. Car, sachez-le, vos crimes sont connus, les autorités militaires et civiles sont sur vos traces, et sachez, enfin, que la justice des hommes d’abord et celle de Dieu ensuite se chargeront bientôt de régler leur compte avec vous.

— Et se tournant vers le millionnaire ahuri et tremblant :

— Mon père, continua-t-elle, j’étais venu vous demander de faire tomber, d’une manière ou d’une autre, l’odieuse accusation qui pèse sur l’honorabilité de Jules Marion que j’aime et que je défends. J’étais venue vous demander une faveur… une grâce… J’étais venue comme une fille soumise, dévouée, respectueuse, aimant son père… Maintenant, je pars en disant : si d’ici vingt-quatre heures Jules Marion n’est pas libre, je dénonce et fais arrêter cet homme auquel vous avez osé me fiancer, — à ce misérable bon tout au plus pour l’échafaud !…

Et fière, majestueuse, elle gagna la porte.

Par un bond rapide Randall se trouva sur son passage.

Violette se retourna vers son père et, sereine elle demanda :

— C’est ainsi que vous laissez traiter votre fille ?

Harold poussa un rugissement.

— J’ai juré, gronda-t-il, que je te dompterai fille dénaturée !

— C’est votre dernier mot ? fit encore Violette d’une voix tremblante… Car maintenant le danger lui apparaissait plus imminent.

Harold regarda le docteur qui demeurait froid et impassible masquant la porte, et il se contenta de jeter ces paroles :

— Je tiens ma promesse…