Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/212

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pascal avait été pris d’une effroyable colère.

— Ah !… le maudit !… avait-il juré avec un geste de menace terrible.

— Pascal !… avait réprimandé sévèrement l’abbé, que signifient ces paroles !

Et Pascal, confus, avait baissé la tête tout en grommelant entre ses dents :

— N’importe !… il faudrait pourtant bien lui régler son compte à celui-là !…

Puis, quand l’abbé lui avait déclaré qu’on partait pour Paris, avec Violette, et qu’on allait tenter d’établir l’innocence de Jules alors Pascal s’était dit :

— Eh bien — … j’espère que le bon Dieu va me donner la chance de lui dire un mot de ma part au Randall…

C’est avec cet espoir au cœur qu’il était parti à la suite de l’abbé et de Violette.


Ils étaient donc partis en auto jusqu’à Amiens d’où, le même soir, le rapide leur faisait dévorer les cent trente kilomètres qui les séparaient de la capitale de la France.

Nos trois amis descendirent dans une modeste hôtellerie avoisinant la Gare du Nord. Et, dès le lendemain matin, Violette commandait un fiacre et se faisait conduire au Provençal.

Un désappointement l’attendait : Harold était absent et n’allait rentrer que dans trois jours.

La jeune fille dut donc se résigner à attendre.

Pendant ce temps, l’abbé Marcotte et Pascal, faisaient le guet aux abords de la Gare Saint-Lazarre. Car l’abbé se souvenait d’y avoir rencontré Randall un soir de novembre, et il s’était dit :

— Il faut de quelque façon mettre la main sur cet homme.

Mais Randall demeurait invisible.

Et l’abbé avait fait remarquer à Violette le soir du troisième jour :

— Peut-être s’est-il absenté avec votre père ?…

— C’est possible, répliqua la jeune fille qui se mourait d’inquiétude pour Jules resté seul là-bas, — mais demain, nous trouverons bien l’un ou l’autre.

Or, le lendemain, — c’est-à-dire le quatrième jour après son arrivée à Paris, Violette, tout enfouie dans ses fourrures, montait dans un fiacre que le maître d’hôtel avait fait appeler.

L’abbé Marcotte et le digne Pascal étaient déjà partis en campagne.

Il faisait froid ce matin-là et sous les lourds et gris nuages qui enveloppaient le ciel, Paris semblait guetter sa première neige.