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Monsieur Gaston s’inclina de nouveau.

— Monsieur, commença Harold, nous avions besoin, pour causes de nature tout à fait secrètes, d’un homme habile, consciencieux et discret. En vain, avons-nous fouillé Londres et Paris l’homme qu’il nous fallait demeurait introuvable. Or, le hasard nous mit quelques jours passés, ou mieux ce hasard plaça mon ami que voici sur votre route. Avant toute chose, je dois vous déclarer que « L’Association » dont parlait tout à l’heure le révérend, n’a rien qui puisse intervenir dans vos devoirs, ni gêner de quelque façon que ce soit votre action dans l’exercice des fonctions dont on vous a investi, ni même vous incriminer vis-à-vis de vos chefs. Vous n’avez donc rien à craindre… au contraire : vous avez tout à espérer. Et puis, comme je n’aime pas faire travailler les gens pour rien, je puis vous assurer dès maintenant que vos services seront largement rétribués.

— Mon révérend, ajouta Harold en fixant le Docteur, veuillez donc, je vous prie, faire immédiatement — à titre de simple avance — un chèque de vingt-cinq mille francs à l’ordre de…

— … Monsieur Gaston… compléta Randall avec un sourire narquois.

À l’énonciation de ce chiffre de vingt-cinq mille francs, Monsieur Gaston éprouva un haut-le-corps qui faillit le renverser de son siège ; son front s’inonda d’une sueur brûlante, ses yeux dessinèrent des lingots !

— Messieurs, balbutia-t-il la voix tremblant d’une émotion facile à comprendre, dès ce moment je suis à vous corps et âme.

— Voilà ce que j’aime, répliqua Harold, pendant que le docteur Randall écrivait un bon de banque.

Et quand, l’instant d’après, monsieur Gaston recevait le magnifique chèque tiré sur le Crédit Lyonnais, Harold poursuivait :

— Maintenant, Monsieur Gaston… veuillez prêter une oreille attentive à mes paroles…

De ce moment commença entre ces trois personnages une longue et mystérieuse conversation à voix basse — conversation qui se dévoilera et s’expliquera au cours de cette deuxième partie de notre histoire.


Il était tard quand Monsieur Gaston, tout rayonnant, quitta l’Hôtel Provençal, suivi du Docteur qui avait insisté pour l’accompagner jusque chez lui. Le Docteur avait dit :

— Mon cher Monsieur Gaston, pour un motif que je ne peux vous faire connaître, pour le moment du moins, il me faut aller reprendre ma robe de moine : voilà pourquoi je vous accompagne.