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LA PRISE DE MONTRÉAL

vit Maurice étendu sur un lit, Maurice qui lui souriait en lui tendant les mains.

Elle courut au lit, tomba à genoux, saisit les mains qu’elle couvrait de baisers et de larmes et murmura :

— Maurice… Maurice… Je suis toujours à toi !

Montgomery s’était retiré discrètement. Dans la cuisine, il salua affablement la mère Ledoux et son mari, sourit à Lambruche qui fumait son calumet, assis par terre près de la porte, et s’apprêta à s’en aller.

— Pardon, général, dit Lambruche. Je veux vous remercier pour avoir raccordé monsieur et mademoiselle.

— Oh ! il n’y a pas de quoi, capitaine, la chose a été la plus simple du monde. Je souhaiterais bien que nous puissions nous raccorder aussi facilement, vous et moi, ajouta-t-il avec un sourire moqueur.

— Jamais, général, répliqua Lambruche, tant qu’il y aura un moyen de vous reprendre la ville !

Montgomery éclata de rire.

— Je doute fort, mon brave Lambruche, que vous puissiez jamais la reprendre… À présent, je m’en vais prendre Québec !

— C’est bon, allez, riposta Lambruche. Mais à vouloir tout prendre, vous finirez par tout perdre !

Et Lambruche, sans le vouloir, venait de se faire prophète !

Montgomery était parti, et il n’avait pas entendu la riposte du capitaine. Il marchait par la cité conquise avec un air de triomphe, et l’avenir semblait s’ouvrir devant lui comme une immense avenue triomphale.

Non… il n’avait pas entendu la riposte de Lambruche et il ne savait pas qu’en allant à Québec il marchait à la défaite… à la mort !


FIN