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PROLOGUE

Histoire d’une Femme d’Or

I

L’AVOCAT-POLICIER


On était, je pense, au mois de décembre de l’année 1905.

Trois jeunes hommes, de bonne mine, élégants même, quittaient, après onze heures du soir, le petit théâtre français de la rue Sainte-Catherine et se rendaient gaiment au Café Gravel, à deux pas de là, histoire de vider une bouteille de bon vin de France, de manger un morceau et de faire le bout de causette de l’après-théâtre.

Ce soir-là, à ce petit théâtre français de la rue Sainte-Catherine, qu’on désignait alors sous le nom de LES NOUVEAUTÉS, Perny avait joué LE MARQUIS DE PRIOLA. Vous direz peut-être que ce MARQUIS DE PRIOLA n’a rien à voir avec le sujet qui nous intéresse particulièrement, c’est-à-dire LA FEMME D’OR ? Pardon ! C’est justement à cause de ce MARQUIS DE PRIOLA, que, du reste, Perny avait joué avec une maîtrise superbe, que le sujet de conversation de nos trois jeunes hommes était tombé sur LA FEMME D’OR.

C’était le lundi.

Nos trois inconnus s’étaient attablés devant une jolie bouteille, trois beaux verres et un bon sandwich.

L’un des trois jeunes gens, plus jeune que les deux autres, de taille plus petite, un peu maigre, un peu fluet, avec un visage d’enfant orné d’une petite moustache blonde aux pointes conquérantes… oui, une petite moustache blonde, comme ses cheveux blonds… ce jeune homme, disons-nous, prononçait, avec un air de dédain impossible à rendre entre une gorgée de vin et une bouchée de sandwich :

— Tu sais, moi, mon cher Jacques, je ne crois pas le moins du monde à ta FEMME D’OR.