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la corvée

vés au tournant de la route près de ce bosquet que vous connaissez, l’officier arrêta sa troupe et me dit sur un ton placide : « Mon ami, je vais faire couper vos liens, puis vous fuirez à travers ce bois, si vous tenez à sauver votre peau. » Je crus d’autant mieux à sa parole qu’il fit comme il avait dit. On coupa mes liens et me fit sauter de sa croupe du cheval que j’enfourchais en compagnie d’un de mes gardiens. Naturellement, je ne m’attardai pas à faire des politesses à mes gens, je m’élançai dans le bois. Mais je n’avais pas fait dix pas que j’entendais cet ordre brutal : « Feu ! » Je tombai sous les balles. Ah ! Clémence, il avait dit vrai, tout de même, qu’il avait ordre de me fusiller !

— Mais encore pourquoi cet ordre de vous fusiller ? interrogea curieusement la jeune fille.

— Pourquoi ? Parce que j’ai tué Barthoud avant-hier pour venger votre père, mais je l’ai tué loyalement dans un duel au pistolet.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Vingt minutes après, le blessé était hissé dans le cabriolet du curé qui l’avait juré à Clémence de lui ramener son amoureux.

Clémence pleurait encore.

Beauséjour, plus livide et la voix plus faible comme s’il avait été sur le point de trépasser, dit à la jeune fille :

— Clémence, prenez courage et ayez confiance. Plus tard, quand je serai guéri, je reviendrai.


FIN.