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L’HOMME AUX DEUX VISAGES

— Allons ! il ne me restait plus que la vie, on me la retire… Enfin ! j’ai trouvé mon tombeau !

Néanmoins, Flandrin voulut mourir stoïquement : il s’allongea tout à fait sur les dalles, ferma les yeux et attendit la mort. En attendant il laissa vivre ce qui lui restait de pensée avec le souvenir de sa femme. Oh ! sa pauvre femme… Ah ! comme il sentait, à cette heure dernière de sa vie terrestre, combien il l’aimait sa femme ! Mais tout stoïque qu’il voulut se montrer ou se dire, son esprit était affreusement torturé par l’échec de ses vengeances. Pour la première fois en sa vie, il pensa que la haine et la vengeance sont de bien mesquines armes pour un homme, et que, le plus souvent, ces armes se retournent contre celui qui a voulu s’en servir. Et Flandrin de penser :

— La vie est trop courte pour nourrir la haine, trop courte surtout pour courir après de futiles vengeances !

Là, Flandrin sentit que sa pensée sombrait rapidement dans le néant !…


FIN.