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Le Portrait de Villon

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En tête de l’édition la plus ancienne des Repues franches un clerc tient une banderole sur laquelle on lit : F. Villon[1]. Mais il appert que c’est un passe-partout, un cliché qui, en d’autres livres, aurait représenté aussi Virgile. Il ne faut donc faire état que de la lithographie du Cabinet des estampes, à la Bibliothèque Nationale. D’aucuns estiment que Rulemant a menti et qu’il n’a point copié une gravure sur bois placée en tête des œuvres du poète, publiées par Marot, aucune de ces éditions n’ayant de portrait.

À quoi j’objecte que de 1533 à 1542 il n’y eut pas moins de dix éditions marotiques de Villon. Une autre, illustrée d’un portrait, a pu échapper à MM. Bijvanck, Vitu, Prompsault, P.-L. Jacob, Louis Moland, Longnon, Paris, Schwob, et venir, au contraire, en 1830, aux mains de Rulemant. M. A. Compaux place la date probable de la mort de Villon après 1480. Quand Marot l’édita, Villon n’était donc disparu que depuis cinquante trois ans et peut-être moins encore.

Quelques-uns de ces vieillards qu’interrogea le valet de chambre du roy pouvaient l’avoir très bien connu. Ses démêlés avec la justice, sa popularité parmi les Coquillards et les clercs de la remuante Bazoche, l’avaient assez mis en lumière pour qu’un artiste de cabaret ait pris de lui un croquis à la taverne de la Grosse Margot, ou à celle de la Mule. Ses vers réalistes provoquaient assez d’enthousiasme pour que les copies courussent partout, et ses traits n’eussent suscité aucune curiosité ?

  1. E. Picot. Catalogue des livres du baron J. de Rothschild, tome I page 259.