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V

La langue de Villon, ses normannysmes

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Ce parisien commet des normannysmes. 1o Dans le Grand Testament, vers 1585, il jure ainsi :

Foy que doy belore bigod.

C’est le double juron anglais : By lord ! By God ! (Par le Seigneur ! Par Dieu !) Juron anglais, mais aussi (à peine modifié), saxon et danois. Juron autrefois si fréquent en Normandie que les Français appelaient nos Normands Bigots dès le onzième siècle, et selon Guillaume de Nangis jusqu’au seizième. Wace dit :

Mult unt Franceis Normanz laidis…
Et claiment Bigoz et Draschiers…

M. Canel écrit : « Au dix-septième siècle on disait encore bigoter quelqu’un, pour donner à entendre qu’on le mettait en rage comme un Normand traité de Bigot, c’est-à-dire de Jureur. » Normanni solent Bigots appellari. Il est significatif qu’un mau-garçon de la paroisse parisienne de Saint-Benoît-le-Bétourné jure à la Normande : Foy que doy ! Il jure comme il a entendu jurer son père.


2o Dans le Codicille, vers 110 :

Sa personne par moy fut envlimée.

La forme française est envelimée, en quatre syllabes. Trisyllabique, le mot est normand, encore aujourd’hui.