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LES ORIGINES NORMANDES

Saint-Taurin, au Mont-Saint-Michel. Une fois en rupture de clergie, et le poil repoussé sur la tonsure, ils se baptisaient — orgueil et prudence à la fois — de pseudonymes magnifiques, empruntés aux poètes qu’ils avaient copiés sur vélin.

J’ai écrit dans l’Essai sur la poésie normande : « Des rives de l’Orne et de l’Odon, et du faubourg de Vaucelles, ils partaient avec la harpe ou la rote, mués en Homère, en Horace, en Virgile, en Ovide aussi. Est-ce que l’alphabet n’est pas libre ? Et ces noms chez nous ont fait souche, fatalement déformés, toujours reconnaissables. Les Homère ont fait nos Omer ; Stace a donné Estace, d’où nos Étasse, et s’est changé peut-être en Uistace, un nom attribué parfois à Wace au douzième siècle. Maro, c’est le troisième nom de Publius Virgilius ; d’où sans doute la dynastie des Marot (Jean et Clément, et Michel).

On s’en est douté depuis longtemps pour celui-ci :

Quod Maro non Marotus sit dicendum Latinis[1].

Enfin, Horacius Flaccus a été le parrain du jongleur-monstreur d’âne. Les poètes latins ont baptisé nos « ancessors ».

Je n’ai trouvé de tels exemples qu’en Normandie. Et c’est la terre d’élection des jongleurs.

E) Jean Flastrier

Le prêtre, ayant adopté François, aima l’enfant à l’intelligence ouverte, et le débrouilla ès lettres latines avant de le faire passer du Donat aux savantes leçons de Jehan de Conflans. Cela — et aussi de l’avoir tiré des prisons de l’évêque — instille bien le titre de « plus que père ». Mais le chapelain n’était pas l’oncle réel de l’escholier. J’en donnerai deux raisons que je crois pertinentes. Je lire la première des Legs du Grand Testament.

  1. Non que Marot mais Maro le responde (Marot).