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LES ORIGINES NORMANDES DE FRANÇOIS VILLON

nom de Monterbier renferme un anagramme très remarquable (sic) en ce qu’il est d’une exactitude absolue, lettre à lettre, celui de Brémontier. Or, les pouillés de l’ancien diocèse de Rouen nous donnent une cure de Brémontier dans le doyenné de Neufchâtel et une autre dans le doyenné de Bray, plus une cure des Loges dans l’archidiaconé du Grand-Caux. » Nous enverrons paître les anagrammes, même s’ils nous tendent le dos pour nous servir de monture.

Sans le testament de Flastrier, au Wyllon ou Vyllon du diocèse de Langres, j’opposerais le Villons, près de Caen, avec des chances égales. Je retiendrais jusqu’à ce prénom de Guillaume, si commun en Normandie depuis le Grand Bâtard. Mais, 1o : tout cela s’appliquerait, non au neveu, à l’oncle qui, le premier, a emprunté le nom ; 2o la découverte du testament de Flastrier rejette dans l’ombre les villages homonymes. Honneur au hameau du diocèse de Langres… d’avoir baptisé le bon chanoine ; rien de plus.

C) La Mère de François

Pierre d’Alheim croit à la mort prématurée du père de François ; moi aussi, et je pense que le poète n’eut peut-être pas de père légal. Sa manie des pseudonymes instables est d’un bâtard[1]. Quand on a un père selon le cœur, selon l’adoption, qui n’est pas celui de la nature, bien souvent c’est qu’on n’en a pas selon la loi. La chère femme qui priait la Vierge aux moustiers aurait donc été mise à mal par un aventurier « qui n’ot oncq grant’richesse » ? C’est possible, mais si cela n’est, le fait contraire n’enlève un zeste à ma thèse. L’amant ou le mari était le fils d’un bateleur. C’est donc par instinct atavique autant que par nécessité que François est retourné au monde errant des balladeurs et des mercerots. Sa mère, veuve, trouva un gîte honorable à Paris, refuge de toutes détresses, chez

  1. Au moins autant que d’un voleur.