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Fou, qui demande au sol où l’ombre fuit, l’oiseau
Que l’arbre décoche à la nue,
Le naufrage automnal au vent et au roseau,
L’ancienne ivresse à l’outre bue.

Oui, car la race est l’outre inépuisable, où gît
L’orgueil de se croire éternel.
Une fille m’est née, et d’elle a ressurgi
Le clair visage maternel.

Et ces yeux d’autrefois que le ver a mangés,
— Un peu de bave, un peu de boue, —
Ils redeviennent fleurs ; des longues nuits vengés,
Ils éclairent de belles joues.

Mieux que sur son portrait ma mère, la voilà,
Je la respire, elle me frôle.
Et tout l’harmonieux Second Empire est là,
Dans cette chute des épaules.

Ah ! je baise en pleurant ce front, où tour à tour
Ma fille ou ma mère l’emporte.
La vivante paiera tout l’arriéré d’amour
Avec les lèvres de la morte.


9 février 1915.
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