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ANGLETERRE, ANGLETERRE !

À Jean d’Armor.


Aux bords, d’où contre toi et ton sonore fief,
Sœur de Gaule, jamais ne cingleront nos nefs,
Écoute-moi t’aimer ! Regarde sur la Manche
Mes vers souples au vent vers tes falaises blanches,
Angleterre, Angleterre !
— Sœur de Gaule à jamais, — cingler comme des nefs.

Ma détresse à vingt ans regardant le lointain,
Je rêvai d’embarquer à ton bord mon destin,
Quand mon pays m’eut fait largesse de sa terre
Juste pour mes genoux sur le corps de ma mère.
Angleterre, Angleterre !
Je rêvais d’embarquer à ton bord mon destin.

J’étais Normand ; le sang des Danois et des Saines,
Ton sang inapaisé s’irritait dans mes veines.
Mes narines humaient l’aventure et le loin
Dans ton tabac qui sent la marée et le foin.
Angleterre, Angleterre !
Ton sang inapaisé s’irritait dans mes veines.