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LE PHARE

I

La Dame de clarté, le soir, monte à sa tour ;
Et devant ses miroirs, folle de ses atours,
Aux chambres de cristal se consume d’amour.

En paon qui roue elle étire ses mousselines
Lumineuses ; l’illusion des crinolines
Bouffe, très vaste, autour de sa beauté féline.

Oh ! là-bas, sur la mer, les beaux aventuriers !…
Son œil de feu s’agrippe au flanc des longs courriers :
Mais point d’Ulysse qui s’en vienne la prier.

Fenestrière, vers le pilote elle cligne,
Dit : « Je sais les secrets de ta route, et les signes… »
Mais n’éclaire jamais que des fuites insignes.

Sa nocturne douleur dans la flamme se tord ;
Et sous la longue et triple flèche qui la mord,
Un flot suinte vermeil de ses blessures d’or.