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SUR MON PRÉNOM DE THÉOPHILE

J’ai deux parrains. — De l’un, libertin, j’héritai
Ce grand rire de bouc, sacrilège et salace.
Mes péchés m’ont valu quelques Père Garasse,
J’eus mon livre maudit, je fus persécuté.

Le second, Cellini du verbe, m’a vanté
Le pouce glorieux signant l’argile grasse,
Creusant le dur camée, et niellant la cuirasse ;
Sous lui j’ai peint, serti, cuit l’émail, et sculpté.

Quand il ne sera plus qu’un peu de cendre encore,
Gardez ce nom, le vôtre, en vos Urnes sonores,
Maîtres, et qu’on l’y grave après vos noms altiers.

Sur les rouvres puissants se hausse un lierre agile :
Théophile de Viau, Théophile Gautier,
Qu’on dise un jour : « Il fut un autre Théophile ».


9 mars 1912.